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Pourquoy il ne faut pas accuſer les autres de ce qu’ils ne nous aiment pas. Si une perſonne a de l’amour pour nous, c’eſt qu’elle nous croit aimables ; & ſi une autre nous haït, c’eſt que nous luy paroiſſons haïſſables. Nous eſtimons en un temps ceux que nous mépriſions auparavant ; parce qu’ils ne nous ont pas toûjours paru de méme, ſoit qu’eux ou nous ayons changé. Et tel objet s’eſtant préſenté au cœur, en a trouvé la porte ouverte, qui luy auroit eſté fermée un quart-d’heure plûstoſt ou plus tard.

Le partage, où nous nous trouvons ſouvent entre-deux mouvemens contraires, que nous cauſe un méme objet, nous convainc malgré nous, que les paſſions ne ſont pas libres, & qu’il eſt injuſte de ſe plaindre d’eſtre conſideré autrement que l’on voudroit. Comme il faut peu de choſe pour donner de l’amour, il en faut peu