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qui les regarde avec mépris, & qui traitte ſouvent ſes ſemblables avec plus de cruauté & de rage, que ne ſont les loups à l’égard des autres.

C’est pourquoy la timidité ne doit pas paſſer dans les femmes pour un défaut, mais pour une paſſion raiſonnable, à laquelle elles doivent la pudeur, qui leur eſt ſi particuliere, & les deux plus grands avantages de la vie, qui ſont l’inclination à la vertu, & l’éloignement du vice, ce que la plupart des hommes ne peuvent acquerir, avec toute l’éducation & toutes les lumieres qu’on leur donne.

La crainte de manquer de bien eſt la cauſe ordinaire de l’Avarice. Les L’Avarice.hommes n’y ſont pas moins ſujets que les femmes ; & ſi l’on venoit à compter, je ne ſçais ſi le nombre des premiers ne ſe trouveroit