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vertu, c’eſt qu’ils ne la connoiſſent pas, & n’y faiſant point d’attention, lorſqu’ils la pratiquent, ils ne ſentent point la ſatiſfaction qu’elle produit, & qui fait le bonheur dont nous parlons. Cela vient de ce que la vertu n’eſt pas une ſimple ſpeculation du bien auquel on eſt obligé, mais un deſir effectif, qui naît de la perſuaſion qu’on en a : & on ne la peut pratiquer avec plaiſir ſans reſſentir de l’émotion. Parce qu’il en eſt comme des liqueurs les plus excellentes qui ſemblent quelquefois ameres ou ſans douceur, ſi lors qu’elles ſont ſur la langue, l’eſprit eſt occupé ailleurs, & ne s’applique point au mouvement qu’elles y cauſent.

Qu’il faut eſtre ſçavant pour eſtre ſolidement vertueux.Non ſeulement les deux Sexes ont beſoin de lumiere pour trouver leur bonheur dans la pratique de la vertu, ils en ont encore