Page:Poullain de La Barre - De l’égalité des deux sexes, seconde édition.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’en exclut pas la vertu ; on eſtime au contraire que celle-cy en fait le plus eſſentiel. Mais un homme n’eſt heureux par la vertu qu’autant qu’il connoît qu’il en a, ou qu’il tâche d’en avoir. Cela veut dire, qu’encore qu’il ſuffiſe pour eſtimer un homme heureux, de voir qu’il pratique la vertu, quoy qu’il ne la connoiſſe pas parfaitement, & meſme que cette pratique avec une connoiſſance confuſe & imparfaite, puiſſe contribuer à acquerir le bonheur de l’autre vie ; il eſt certain qu’il ne peut luy-meſme s’eſtimer ſolidement heureux, ſans s’apercevoir qu’il fait le bien : comme il ne ſe croiroit point riche, s’il ne ſçavoit, qu’il poſſede des richeſſes.

Pourquoy ſi peu de gens aiment la vertu.Ce qui eſt cauſe qu’il y a ſi peu de gens qui ayent du gouſt & de l’amour pour la veritable