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ſervis pour ſignaler leur eſprit & pour faire fortune, & dont ils ſont depuis ſi long-temps en poſſeſſion au préjudice des femmes. Et quoy qu’elles n’y ayent pas moins de droit qu’eux, ils ont neantmoins à leur égard des penſées & une conduite qui ſont d’autant plus injuſtes, qu’on ne voit rien de pareil dans l’uſage des biens du corps.

L’on a jugé à propos que la preſcription euſt lieu pour la paix & la ſeureté des familles : c’eſt-à-dire, qu’un homme qui auroit joüy du bien d’autruy ſans trouble & de bonne foy, durant un certain eſpace de temps, en demeureroit poſſeſſeur, ſans qu’on y peuſt rien prétendre aprés. Mais on ne s’eſt jamais aviſé de croire que ceux qui en eſtoient décheus par negligence, ou autrement, fuſſent incapables