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cauſe que l’on reſtreint ſi fort l’étenduë de l’eſprit humain, en s’imaginant, qu’un meſme homme n’eſt preſque jamais capable de pluſieurs ſciences ; que pour eſtre propre à la Phyſique & à la Medecine, on ne l’eſt pas pour cela à l’Eloquence, ny à la Theologie ; & qu’il faut autant de genies differens, qu’il y a de ſciences differentes.

Cette penſée vient d’une part, de ce que l’on confond ordinairement la nature avec la coûtume, en prenant la diſpoſition de certaines perſonnes à une ſcience plûtoſt qu’à l’autre, pour un effet de leur conſtitution naturelle, au lieu que ce n’eſt ſouvent qu’une inclinaiſon caſuelle, qui vient de la neceſſité, de l’éducation ou de l’habitude : & de l’autre part, faute d’avoir remarqué qu’il n’y a proprement