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un Etat, en exerçant la juſtice. Enfin s’ils s’opiniâtroient à ſoûtenir que les femmes ſont naturellement dépendantes des hommes, on les combattroit par leurs propres principes, puiſqu’ils reconnoiſſent eux-mêmes, que la dépendance & la ſervitude ſont contraires à l’ordre de la nature, qui rend tous les hommes égaux.

La dépendance eſtant un rapport purement corporel & civil, elle ne doit eſtre conſiderée que comme un effet du hazard, de la violence ou de la coûtume : ſi ce n’eſt celle où ſont les enfans à l’égard de ceux qui leur ont donné la vie. Encore ne paſſe-t-elle point un certain âge, où les hommes eſtant ſuppoſez avoir aſſez de raiſon & d’experience pour ſe pouvoir gouverner eux-mêmes, ſont affranchis par les Loix, de l’autorité d’autruy.