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YVÉE JOURDAN

Il y a eu une belle tempête, une magnifique et formidable tempête.

Le vent soufflait, terrible, tel un chant qui monte, monte et couvre toutes les autres voix. Sa violence inouïe enveloppait la petite maison, l’ébranlait comme un redoutable courroux, s’engouffrant dans les cheminées, secouant les portes. C’était pendant la nuit. En l’écoutant, on se baignait dans sa propre tiédeur.

Par moments, il sifflait longuement, s’insinuait, semblait suivre la gamme, puis il éclatait ainsi qu’un coup de tonnerre foudroyant, décisif.

Ensuite, il se faisait gémissant, lamentable, et la mer l’accompagnait de toute sa furie. On aurait dit les voix plaintives des naufragés demandant du secours… des voix d’âmes lointaines implorantes, et qui aver-