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YVÉE JOURDAN

éteinte, avec une coiffure de pensées violettes et de dentelles jaunies, au parfum desséché de praline, qui inspire le respect.

C’est une tante à Max, la sœur de sa mère, tante Laure. Elle ne s’est jamais mariée. Elle chuchote doucement. Sa bouche est fine, plissée, désarmée de ses dents, sans résistance ; ses gestes ont l’air pieux, ils acceptent et ils implorent de la tendresse et de la protection. Elle parle peu, mais s’intéresse. Elle choisit sa place dans un fauteuil, auprès de la cheminée sans feu, par habitude, l’hiver étant devenu sa saison. Elle se pose et s’écroule, lasse infiniment. Elle est couverte de rides qui ont l’air de la sanctifier, et ses cheveux absents sont remplacés par une perruque blanche. Elle s’est ainsi — à tout — soumise simplement. Son existence, toute d’égoïsme, l’a usée.