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LES SENSATIONS

J’aimais me figurer que j’étais une naïade.

Quelquefois en cachette, car j’étais un peu honteuse de mes caprices poétiques, j’emportais des branches de lierre, des pipeaux, et aussitôt ma femme de chambre partie, je me ceignais le front de ces verdures et la flûte en main, gardant juste mon voile qui tour à tour s’envolait, flottait, traînait à l’eau, j’esquissais des pas, des danses, des mimes devant la grande glace qui garnissait un des murs.

Je me rendis compte alors de la beauté réelle de mon corps — je crois pouvoir le dire aujourd’hui