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IDYLLE SAPHIQUE

tout. Si ces dames désirent des œufs, je puis en préparer ?

— Non, merci, c’est bien suffisant.

— Une salade, peut-être ?

— Non plus. Allez maintenant, je me coucherai sans vos soins.

Ernesta disparut.

— Viens, Floss, viens manger. C’est vilain, prosaïque, mais c’est nécessaire.

— Ah ! je n’ai pas faim, ma Nhine !

— Je veux que tu manges. Bois, bois du bouillon.

Elle lui en offrait une tasse.

— Nhine, dit l’enfant, je ne prendrai que ce que tu me donneras, de la façon troublante dont tu m’as fait boire le thé de l’autre matin.

— Non, non, le dessert, tu l’auras comme cela, si tu as bien soupé. Gagne ton bonheur, Moon-Beam !

Florence glissa à terre, sagement obéissante. Lorsqu’elles eurent fini :

— Maintenant, dis ? implora-t-elle.

Dans une coupe, Nhine atteignit des bonbons, dattes confites, chocolats pralinés… Elle les mit dans sa bouche, tout au bord et après les avoir légèrement croqués au milieu elle les présenta à Flossie qui venait vers elle, radieuse, les lèvres entrouvertes, les dents prêtes à mordre et saisissait le bonbon en appuyant sa bouche contre la sienne. Ce jeu s’acheva en un baiser.

― Ah ! tes lèvres, ma Nhine, lui murmurait-elle…