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IDYLLE SAPHIQUE

pas davantage, et je te rejoins à la porte du Bois.

— Mais certainement, ma chérie. Tiens, je vais aller voir Altesse que tu me fais un peu négliger, puis je reviens te prendre. Je comprends bien qu’il faut des ménagements. Il est d’ailleurs très tôt, va, mon radieux Moon-Beam, va…

Elles se séparèrent brusquement. Flossie était pensive, elle s’éloigna et tourna rapidement la rue, tandis qu’Annhine s’installait dans la victoria en jetant au cocher l’adresse de Tesse.

Là, sa visite fut écourtée. Elle trouva son amie entourée du coiffeur et de la manucure. Un vieil adorateur se trouvait là aussi. Nhine en fut soulagée, elle craignait de se laisser aller à une confidence, de cette façon elle parla simplement de choses banales… on projeta un dîner.

— Je t’ai peu vue ces derniers jours, ma jolie, regretta Tesse.

— Je suis triste et d’humeur désagréable, tu ne perds pas grand’chose, va, et Nhine l’embrassa sur la fumée d’or qui l’auréolait… Mais tu te fais bien belle.

— Nous allons à Hamlet, ce soir… as-tu vu ça ? veux-tu venir ?

Malgré elle, un souvenir s’empara de Nhine, elle devint rêveuse et répondit à peine.

— Voyons, ma chérie, lorsque tu es triste comme cela, tu as tort de ne pas chercher à te distraire, tu devrais te mêler davantage à la vie des autres. Si