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IDYLLE SAPHIQUE

et cérébrales jouissances, je l’ai éprouvé jusqu’au martyre parfois, il a tenu sa parole, se calmant ensuite auprès de belles esclaves choisies souvent par moi et qui se prêtaient à ses désirs avec soumission, sinon avec joie.

— Alors, pourquoi cette colère subite à cause de moi ?

— Tu vas voir, Nhine. Toujours, après ces fêtes de nos sens, il se rapprochait de moi davantage, les nerfs abattus, brisés, en tristesse d’âme, et nous pleurions ensemble, et il me disait : Flossie, dear, toute peine qui me viendra de vous me sera chère, je mourrai en souriant pour votre plaisir, je supporterai vos fantaisies les plus inouïes, vos tortures, je ne serai jamais jaloux de votre corps, mais je veux toute votre âme ; ne la donnez jamais, Flossie, à ces inconnues si belles et que vous aimez si matériellement et de si sauvage passion. Gardez-la pour votre Will… Émue, je lui répondais oui, pressant sa main contre la mienne en lui tendant mes lèvres. Il tremblait de tout son être. Je veux toute votre petite âme, ma Flossie, ma fiancée, et aussi votre entière confiance ; je vous promets de vous respecter toujours, de me contenter de ce que vous voudrez bien me donner, mais si un jour vous m’échappiez, si vous me trompiez moralement, si vous me mentiez, Flossie, ah ! je crois que je deviendrais fou !… hors de moi !… que je vous ferais mal !… Je partirais plutôt.

— Cela ne m’explique pas…