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IDYLLE SAPHIQUE

la tête soutenue des deux mains, les bras appuyés au coude sur le tapis.

Flossie la mangeait des yeux.

— Je t’obéis… ô ma chimérique souveraine !

Et elle la servit, pliant le genou devant elle en adoration, en servage… lui présentant le plateau… les cakes, le sucre, versant pour elle le savoureux breuvage dans une mignonne tasse de Sèvres blanche et or.

— Il est exquis, Moon-Beam… tiens ! Bois dans ma tasse !

— Dans ta bouche !… supplia Flossie.

Annhine rit, puis aspirant une gorgée de l’eau parfumée elle se pencha vers elle et colla sa bouche à la sienne sans respirer. L’enfant fermait les yeux, recueillie, prenant lentement et avec délices le liquide doré… elles recommencèrent plusieurs fois.

— Que tu es bonne, Annhine !… Annhine I love you so[1] !

Elle se rapprochait… leurs seins se confondaient, elles jouèrent à faire toucher leurs pointes qui dardaient, roses et fermes. Flossie frémit, ses yeux se noyèrent de rêve.

— C’est gentil, Moon-Beam, disons-nous bonjour de partout… faisons connaissance de tout nous-même… Tes pieds sur les miens, car je suis plus grande… nos jambes enlacées… serre-moi de toutes tes forces… j’aime qu’on me brise… notre

  1. Je vous aime tant !