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IDYLLE SAPHIQUE

à lutiner Princesse… Ma belle, ma jolie… oui, on voilera les glaces pour les punir de ne point mentir, et on vivra bien loin à la campagne et dans un beau château avec son chien… son petit chien-chien…

Elle la renversait, l’embrassait, la mordillait… Princesse amusée et ravie faisait entendre des grognements joyeux.

— Madame, c’est la petite Miss d’hier avec un beau bouquet… Simon a dit qu’il n’était pas bien sûr que Madame fût réveillée, qu’on allait voir… elle attend.

Annhine se recoucha.

— Faites entrer ; Ernesta, je suis bien comme ça ?

Elle renversait sa tête en arrière et posait ses bras nus sur la blancheur des draps, les yeux mi-clos, affectant un air nonchalant et de demi-sommeil.

— Madame est ravissante !

— J’en étais sûre ! Ah ! ce que je donnerais pour qu’on me dise un jour que j’ai le nez de travers ! Allons ! vite ! faites-entrer et emmenez Princesse.

— C’est moi, Nhine, pardonne d’oser te rappeler sitôt aux choses extérieures et nuisibles, mais je n’ai pu y tenir !… et Moon-Beam sur la porte se tenait ravie et charmée à la vue de la chambre rose et blanche aux lambris d’or, ensoleillée par de lumineux et multiples rayons ainsi que par la radieuse chevelure d’Annhine de qui la mignonne tête ébouriffée émergeait en sourire et en séduction des profondeurs de l’immense lit Louis XV tout doré et enguirlandé de