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IDYLLE SAPHIQUE

— Et puis, assez maintenant, parlons d’autre chose !…

Mais, malgré ses efforts, Ahninne ne put parvenir à se dérider de la soirée, elle prétexta un léger malaise et se mit au lit de bonne heure.

Le lendemain matin, alors qu’Ernesta vers les neuf heures et demie pénétrait doucement dans la chambre et ouvrait les volets, elle était encore dans le même état nerveux et troublé.

— Abaissez vite les stores, voyons, le soleil m’éblouit, grommelait Annhine d’une voix inquiétante, c’est ridicule du soleil à Paris en plein mois de novembre ! Dire qu’on voudrait que les gens soient équilibrés alors que les saisons ne le sont pas ! et maussade elle se pelotonna dans les fines batistes et sous la tiède chaleur du couvre-pied de satin rose. Princesse vint la déranger et voulut jouer avec elle, selon son habitude.

— Laisse-moi, méchante… dors… dors… Ce fut à peine si elle la baisa distraitement et du bout des lèvres.

— Madame désire un bain ? Tout est préparé. Je l’ai fait à l’eucalyptus ce matin.

Comme un enfant volontaire, Annhine se souleva en criant :

— Non ! non ! Je n’en veux pas ! Je déteste ça, l’eucalyptus, ça sent la pharmacie ! Changez-le ! Je n’en veux à aucun prix, vous entendez ! Je veux du