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IDYLLE SAPHIQUE

Mary se dessina nettement dans son esprit. Mary, sept ou huit fois mère, une enflure des seins, des allures de nourrice, de matrone féconde, un ventre déformé par les maternités consécutives, horrible à voir, la démarche traînante et pénible. Pleine de dégoût à ce tableau si brutalement naturel, elle en vint à se demander si elle ne préférait pas cent fois davantage l’impression poignante de la petite malade, couchée comme en l’affaissement suprême, si longue, si blanche, si belle !… Sur quelle mort fallait-il donc pleurer ?… sur celle de la Forme et de la Beauté, religion immuable et universellement dominatrice ?… ou sur la fin d’un jour radieux qui se meurt doucement dans le reflet éteint des lacs paisibles ?…

La Vie !… craindre et attendre ! Espérer toujours la réalisation du même rêve, inutilement peut-être !… Inutilement !…