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IDYLLE SAPHIQUE

de mieux en moi sera tien. Tu ne peux imaginer combien je te serai reconnaissante d’être ce que je veux. Tout ce que je souhaite atteindre en hautes certitudes, je le trouverai sans déception en toi, mon ami, mon appui, qui seras mon compagnon dans le long et triste voyage de l’existence, vers des choses meilleures, car l’infini et la pureté de mon sentiment envers celle que j’aime, la profondeur et la douceur de mon amitié pour toi me donnent la sûreté d’un au-delà !

« Cette vie peut nous en être un délicieux avant goût, si tu m’aides à trancher ce gordian-knot[1] et à résoudre les difficultés de l’existence matérielle.

« En espérant le plaisir de porter bientôt ton nom, je signe le mien

Florence Temple-Bradfford. »


Annhine attendrie dit :

— C’est bien, c’est très bien ! Merci, ma Floss, et tu as envoyé ça ?… Quand ?

— Il y a déjà quelques jours, je dois recevoir le télégramme d’un moment à l’autre.

— C’était donc vrai, bien vrai, tout ce que tu m’avais dit ?… As-tu bien réfléchi ?… C’est un peu fou ce que nous allons faire là !

— Les sages appelleront ça : folie ! et les fous : amour !

— Chérie !… — elle se taisait, puis tout à coup : — L’heure s’avance, quand vas-tu revenir ? Et comment ?… Ton entrée a pu passer inaperçue, mais ta

  1. Nœud gordien.