Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXIV

Elles se trouvaient seules. Nhine avait congédié les essayeuses et les mannequins de la grande maison de couture afin de parler à Flossie qui s’était faufilée à la faveur de leur passage, affublée d’une perruque brune et d’un costume simple, un peu défraîchi, de petite ouvrière soigneuse et honnête. Elle tenait en main un paquet d’échantillons de toutes nuances.

— Je suis bien faible, murmura Nhine, et je crains que l’on ne vienne.

Flossie la regardait, émue, ne trouvant pas une parole. Nhine avait tant, tant à lui dire, qu’elle ne savait par quoi commencer. Avec volubilité, elle lui parla de son mal, de ses espérances, de ses désirs :

— Et tu m’emmèneras très loin… je revivrai, tu me diras de jolies choses. Plus d’homme, jamais, jamais, fini !

Flossie revenait à elle. Elle se dirigea vers la porte et donna un grand tour de clef, puis accourut