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IDYLLE SAPHIQUE

tiant des mots vagues : — Certainement, il ferait ce qu’il pourrait… il verrait…

— Ah ! non !… Ah ! non !… j’exige quelque chose de suite, quelque chose de certain, sinon pour moi, du moins pour lui. Que feras-tu ?… Il faut, vois-tu, il faut faire ton devoir !

Embarrassé, il lui répondit : — Mais oui !… C’était son intention, bien entendu… mais… cet enfant… elle y tenait tant que ça ?… Il ne voyait pas bien pourquoi… quel bien ça pouvait lui faire ? Il y aurait peut-être moyen de… mon Dieu oui… Il connaissait des femmes qui… c’est-à-dire… il en avait connu, et beaucoup… ainsi, avant elle il avait eu une maîtresse dans le monde… Oh ! ça s’était très bien passé, sans douleurs, très secrètement, personne n’en avait rien su, vers le cinquième mois on était allé à Bruxelles…

Elle rugit :

— Ah ! c’est trop fort !… Alors tous les mêmes !… Tous, des lâches, des misérables, des criminels, Il me propose d’avorter !… d’avorter !… d’avorter !… Du fond de ton égoïsme tu n’as trouvé que ce bon conseil : avorter ! Moi, je ne suis qu’une machine à plaisir, un instrument de joie. La machine n’est plus en ordre, bon !… On l’envoie à Bruxelles, ou ailleurs, se faire réparer, espérant qu’elle reviendra en bon état, toute aussi excitante et jolie qu’avant, sinon… eh bien, il y en a d’autres !…

— Nhine !…

Il voulut l’arrêter, se disculper, protestant faible-