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IDYLLE SAPHIQUE

que tendresse, d’union d’âme, tandis que la Courtisane s’enflammait au récit de ses angoisses, de ses désespoirs, de chaque agonie de quelque chose d’elle, vers le mal.

— Plus souillée, plus flétrie, mais à toi, et sans force et comme tu le voudras !…

— Mon amour te ranimera… et c’étaient des épanchements, des attendrissements, des abandons.

Renversée sur l’épaule de Flossie et maintenant silencieuse, Anhine, très pâle, avait l’air d’une fleur offerte, ses yeux expressifs et alanguis disaient : — je me livre à toi, mais je suis si faible, ménage-moi, Floss, ou alors tue-moi !… Fais-moi mourir d’extase sous tes caresses. — Et Flossie : — comme je la désire de tant l’aimer, comme je l’aime de tant la désirer ! Mais je ne veux rien de brutal, rien de terrestre ! Ah ! la sauver !… la faire revivre d’abord !… la faire sourire ! Elle en a tant besoin ! Ensuite, je la prendrai car elle se donnera, elle se donne déjà.

Une fièvre montait en elle : — Ah ! la posséder !… la tenir nue dans mes bras, éperdue sous mes baisers !… mes baisers qui seront une étincelante pluie de flamme, née de nos jeunesses frémissantes ! L’excès pour nous ne sera qu’un commencement, car je connais aussi peu le désir de l’assouvissement que l’assouvissement du désir ! — Cette idée l’épouvantait autant qu’elle l’enchantait : — la tuer !… tuer cet ange qui trop faible pour résister se livre à moi, si faible et si suave ! Oh ! non… jamais !… Une voix dans la