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IDYLLE SAPHIQUE

goisses que décrit Sapho[1], je les éprouvai en ce cruel moment qui m’éveilla si brutalement, alors que je rêvais d’un songe allié à la Vie ! Ah ! de cette union trop de bonheur serait né, trop, car tout ici bas doit avoir une limite. C’est seulement à la souffrance qu’on a donné un complet « laisser-aller », et elle en profite, prenant des allures d’immortelle ! Elle bafoue mes espoirs et me fait suivre par un nombre infini de doutes !… Nhine, disperse ce lugubre cortège, dis-moi un mot, un mot d’appel. Viens vers moi !… Laisse-moi aller à toi !… Je veux vivre un songe d’amour dans tes bras, à tes lèvres !… Fleurs vermeilles, je vous prendrai frénétiquement et ma bouche sera votre écrin ! Dans un long baiser je ferai si bien taire toutes plaintes et protestations que vous ne pourrez mêler à mon extase aucune trop terrestre parole ! Mais d’ici là, quelle attente !… Qu’importe ! ne suis-je pas tienne pour toute l’éternité ? Cependant, appelle-moi, darling, vite… appelle-moi ! Les battements de mon cœur te parleront mieux qu’aucune prière. Sens-moi !… Ouvre-toi toute à l’amour que t’apporte ta

Flossie


— Je ne répondrai rien, non !…

Elle s’endormit dans cette résolution, puis, au matin elle avait changé d’idée. — Pourquoi pas, après tout ? Pauvre petite, elle est gentille. Nous avons des souvenirs… des souvenirs qu’on ne saurait oublier, qui nous lient. Elle ne m’a pas fait de mal, en somme. Si, je dois lui répondre, mais l’appeler ? Non !… Pour elle comme pour moi, notre amitié n’a rien valu, mais

  1. Fragment 2 — Wharton.