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IDYLLE SAPHIQUE

était en joie, un peu confuse cependant qu’il la trouvât en cet accoutrement.

— De quoi ai-je l’air ainsi ?… d’une folle ! Momo, dis, j’ai l’air d’une folle ?…

Il l’embrassait, radieux :

— Je le savais, ma Nhine, Ernesta m’avait prévenu.

Elle allait au travers de la chambre, en se déshabillant. Elle lui conta tout, gentiment, sans détours :

— Tu vois, Momo, j’ai perdu mon soulier, mais j’ai gardé mon innocence, comme dans la chanson. Ah ! vrai !… si j’avais su que tu m’attendais, mon Momo, mon chéri, mon cher petit amour !…

Il riait de sa gaieté, tout étourdi encore de son coup d’amoureuse audace, se sentant heureux en cette douce intimité que la nuit lui rendait plus précieuse encore. C’était leur première nuit à eux. Elle fut sans repos, sans trêve. Ils s’aimèrent en une folie presque délirante des sens unie à une indicible ivresse de cœur, se prenant avec fureur, se donnant ardemment, violemment. L’aube les trouva dans les bras l’un de l’autre, alanguis, pâmés, n’en pouvant plus. Ils fermaient les yeux, comme ne voulant pas voir lever le jour après une si belle nuit… et le sommeil les surprit doucement, insensiblement, mêlant ainsi le songe vague à la divine réalité de leur amour !

Vers midi Ernesta se permit de frapper, tandis qu’Annhine dormait encore. Maurice s’enfuit très