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XVII

Au bout de quelques jours, un ennui trouble, obscur, enveloppeur, s’empara d’Annhine. Son retour parmi ses amis, ses habituelles distractions en son cadre charmant lui avaient donné quelque joie, une sorte de plaisir fiévreux pendant une courte semaine, puis elle était retombée, anéantie dans sa triste lassitude, plus découragée encore, sans but maintenant, sans destinée, se disait-elle.

Elle avait été heureuse de retrouver Henri, son affection… elle aurait bien voulu l’aimer, reporter sur lui le sentiment vague, bizarre, tourmenté qui la possédait et la tuait lentement. Ses nerfs tendus à l’excès, en souffrance d’excitation, la jetèrent en ses bras avec une passion folle, inexplicable, qui le ravit d’abord puis l’effraya ensuite. Il s’efforça de la calmer, lui résistant par bonté d’âme, la raisonnant doucement, tendrement, craignant un assouvissement qui lui serait nuisible, une fatigue qui la rendrait malade. Elle avait si bonne mine,