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IDYLLE SAPHIQUE

— C’est bien, approuva Tesse. Pauvre petite, comme elle l’aime. Il est temps que je l’emmène… Cette lettre : hum ! au fond, c’est un appel. Il accourra… Enfin ! on ne la lui fera parvenir que ce soir, alors que nous serons loin déjà. Le tracas d’une absence, sa vie attachée ici par mille liens, l’égoïsme naturel à l’homme, il y a des chances pour qu’il ne nous suive pas. Il la prendra au mot, sans lire entre les lignes. Ce sera bien ainsi.

Elle cacheta et donna ordre au gardien, elle-même fit un mot consolant pour Robert, puis elles partirent comme en une fuite… fuyant l’amour, fuyant la joie, fuyant la peine, sans regarder en arrière, comme si elles eussent voulu se fuir elles-mêmes, en crainte d’un dernier souvenir.