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IDYLLE SAPHIQUE

Il s’inclinait devant Tesse qui lui sourit.

— C’est un caprice, un pur caprice qui nous a amenées ici, dit-elle, tout simplement.

— Je voudrais bien pouvoir en dire autant, moi, soupira-t-il. Mais je ne veux pas vous retenir, me permettez-vous de vous accompagner un peu ? Vous êtes au Grand-Hôtel, sans doute ?

— Non !… et Nhine désigna la montagne d’un geste vague, nous habitons par là, tout là-haut…

— Voisins alors, car moi aussi je me suis éloigné de la mer… Je voudrais vous offrir des fleurs…

Ils entrèrent chez la fleuriste. Il choisit deux bouquets de roses et en offrit un à Nhine, puis l’autre à Tesse, en lui baisant les doigts. Altesse le regardait, en peine de ce mal implacable et fatal qui se devinait à sa figure amaigrie et diaphane, à son regard fiévreux. Une rose blanche s’effeuillait sur sa main, elle ressortit à peine sur la peau exsangue du malade. Quand ils ressortirent, une brise légère le fit tousser ; il dût s’arrêter un instant.

— Je ne puis pas aller plus loin, dit-il avec regret, c’est l’heure où mon docteur me reçoit. Plus tard, en remontant, je passerai chez vous, si vous le voulez bien, peut-être serai-je assez heureux pour pouvoir vous servir en quelque chose. Disposez de moi.

— C’est cela, dit Altesse, nous comptons sur vous, cher Monsieur, venez nous dire bonsoir… et, pour commencer, donnez-nous donc aussi l’adresse de votre docteur.