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XVI

Le train les emportait, ravies, doucement bercées par mille projets d’avenir meilleur. Elles avaient été heureuses de s’enfuir hors de leur vie habituelle, elles étaient heureuses d’y revenir. Altesse voyait une amélioration — elle ne savait laquelle — l’atteinte probable d’un horizon de joie, de changement bienfaisant ou de dérivatif à sa tristesse, tout un cortège d’espoirs mal dessinés, mais réels, une rencontre imprévue avec l’Aimé, la possibilité d’un retour… malgré sa résistance il la supplierait, implorerait un rendez-vous, un de ceux-là où on se jette dans les bras l’un de l’autre et où l’on oublie les pires résolutions. — Ah ! pour ça non, par exemple ! Elle avait une force de volonté impérieuse, tenace. Elle se souvenait, autrefois lorsqu’elle avait quinze ans, une parente l’avait gravement offensée, blessée. Tesse l’avait chassée bien qu’elle lui fût très proche, et jamais, malgré les lettres les plus humblement suppliantes, malgré qu’on la lui eût signalée pour des jours et des nuits,