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IDYLLE SAPHIQUE

— Eh bien, c’est fait, voilà !… Ah ! quelle horreur, ma Tesse ! — Elle faisait la grimace. — Il n’était pas si bien !… Commun, de vilains dessous, un avocat de Madrid, Luiz de je ne sais plus quoi. Ça m’avait plu, la petite chose de l’enlèvement, du levage plutôt ; en ce moment j’ai un mal de cœur !… Que faire ?… Oh ! n’approche pas ! Ne m’embrasse pas, je t’en supplie !

— Veux-tu ton bain ? demanda Tesse, ça achèvera de te calmer.

— C’est çà, et Nhine sonna. Ernesta, demandez mon bain, préparez mes frictions, du linge propre, vite, vite,… puis veux-tu, ma Tesse, que nous allions ailleurs ? N’importe où, vers Lisbonne, par exemple, ce n’est pas trop loin, le wagon-lit part à sept heures ce soir, je crois, nous avons le temps.

— Tout ce que tu voudras, fit Altesse qui s’approchait de la cheminée. Mais… dis donc ? — Elle s’empara d’un papier qui traînait. — Dis ?… Qu’est-ce que c’est que ça ?…

Nhine regarda :

— Ça ?… Quoi ça ?

— Tiens, ça ! — Elle agitait deux billets de cent pesetas.

— Non !… deux billets ?

— Mais oui, deux billets, jetés là !

— Ah ! c’est trop drôle ! C’est lui, et Annhine éclata de rire. Pauvre homme, c’est lui qui a voulu me payer ! Ah ! ça, c’est bon par exemple ! Il m’a