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IDYLLE SAPHIQUE

— Vous êtes Française ?

— Oui, et vous ?

— Moi, ze souis Espanol. Vous êtes bien zolie ! Depouis longtemps ici ?

— Non. Mais chut !… nous voilà chez moi. Suivez-moi, je vais vous montrer le chemin.

Elle passa devant, précédée de Princesse qui courait vers leur appartement. Arrivée devant sa porte, elle se retourna et mit un doigt sur ses lèvres, puis elle entra sans bruit, doucement, en marchant sur la pointe des pieds. Justement, Tesse, rentrait chez elle et fermait la porte de communication, elle les avait vus venir. Elle entendit des pas légers, puis d’autres plus lourds… des chuchotements, des rires, des exclamations… des baisers. Entre des soupirs étouffés et des cris rauques, le lit craqua, puis il y eut un long silence et tout recommença… des clapotis d’eau que l’on verse, des accents de voix haute, une sorte de conversation.

— Adieu ! disait la petite voix affaiblie d’Annhine, nous partons tantôt, je ne vous reverrai plus. Adieu, bel inconnu !… Il faut se séparer !…

Deux minutes de silence où l’on distinguait à peine le bruit assourdi de quelqu’un qui s’en va… avec précaution, et Nhine appela :

— Tesse !… Tesse !…

Altesse vint, curieuse :

— Eh bien ?

Confuse, Annhine se cachait sous les draps.