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IDYLLE SAPHIQUE

que silhouettait en parfaite sveltesse son inséparable Line Neurout.

— Encore deux !

— Encore !

Et Annhine pressait la main de Flossie en lui désignant les personnages.

Une mignonne chatte frôlait de ses blancs marabouts, légers comme une mousse neigeuse, l’incarnat d’un coquelicot éclatant aux yeux de fièvre qui se penchait vers elle.

— Ça, c’est Violette Turck et Rita Samuel… on dit qu’elles s’aiment depuis longtemps, puis voici Riscogny et la Koniarowska, lui chuchota-t-elle à l’oreille.

Et Flossie vit, s’avançant juste en face, ignorante des regards qui se portaient vers elle, une femme encore jeune, vêtue ou plutôt moulée d’une jupe de satin noir et d’un corsage montant de la même étoffe qui la couvrait jusqu’au cou ouvert sur un gilet de brocart blanc. Ses cheveux courts et bouclés, couverts d’une toque sombre encadraient son visage décoloré, indifférent, crispé, où étincelaient des yeux vifs et bruns comme des cerises noires, enfoncés, petits, injectés de sang et plissés aux coins. Sa bouche était fine et très rouge ; elle accompagnait une superbe fille qui venait ensuite, sérieuse et réfléchie, comme absorbée par la fixité d’une pensée qui l’accablait. Une longue robe blanche l’allongeait encore, ourlée de grands lys d’argent ;