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IDYLLE SAPHIQUE

vanille que représente Janelle d’Hurat en ce ridicule travesti de Vatel.

Annhine serra la main de Florence :

— Tu vois, Moon-Beam, Suzanne est comme toi, initiée à l’amour féminin…

Puis, plus loin :

— Voici encore Madelène de Gemmes, la douce maîtresse de la comtesse de Zirnel, sorte de chevalière d’Éon… vois, Madelène est mignonne en marquisette, son frais visage souriant sous la neige des cheveux poudrés. Naturellement, la comtesse a choisi un déguisement masculin, elle s’est mise en berger Watteau, ses épaules sont superbes et blanches sous la peau de Mongolie jetée en travers, ses jambes sont impeccables, la tête un peu forte aux traits chiffonnés sied à l’emploi…

— Encore des sœurs !… murmura Flossie.

Puis s’ensuivit tout à coup une farandole effrénée, folle, qui se formait au centre du bal et contournait les salons, formant mille méandres lointains et tourbillonnants. Nos amis se garèrent en un coin d’où ils pouvaient tout voir. Emportés par le rythme furieux d’un galop échevelé, entraînant, qui serpentait joyeux, faisant successivement passer devant leurs yeux en une rapide vision de blancheurs furtives, d’enlacements de bras, de chevelures défaites, les cortèges d’Indoues aux clochettes battantes, avec des échappements bizarres de peaux, en l’atténuance de leur ocre appâli, d’Espagnoles cruelles de rouge