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IDYLLE SAPHIQUE

vous ne sauriez être aussi cruelle… je vous aime, je vous adore !… Je ne veux pas vous perdre, Flossie !

Et il sanglotait éperdument.

— Va-t’en ! répéta-t-elle.

Elle eut un geste. Il se jeta sur elle… la saisit.

— Non ! non !… Ne te tue pas !… Je partirai, je pars. Ah ! Flossie, Flossie, j’en mourrai… je m’en vais, adieu ! tu ne me reverras plus ! Je ne peux pas te donner l’amour que tu exiges… horrible, servile et complaisant… mais j’en mourrai… Floss… ma Flossie ! Ah ! tu n’auras donc pas pitié ?…

— Va-t’en !

— Flossie, écoute encore, il est temps, réfléchis. D’ailleurs, je ne puis te quitter ici, en un tel lieu !…

— Moi je vous laisse, adieu !

Annhine qui s’était rhabillée se dirigeait froidement vers la porte.

Flossie courut à elle.

— Je pars avec toi, ma douce, ma beauté, ma méconnue !… Je pars !

Insensible à l’accablante douleur de son fiancé, elle redescendit avec Nhine le sombre escalier. Elles s’en furent sans retourner la tête et ne rencontrèrent heureusement personne pour les retenir et les interroger. Dans la voiture elles restèrent muettes, s’étreignant convulsivement.

— Nous ne serons jamais assez près l’une de l’autre, soupira enfin Flossie ! Ah ! ma Nhine, pardonne ce que tu subis pour moi !