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IDYLLE SAPHIQUE

visages, en lassitude, en fatigue de tout ce que je vois ici.

— Tu es gentille, lui dit son amant… très aimable vraiment de m’excepter ainsi, juste au moment où je disais que j’allais faire mon possible…

— Pour m’ennuyer comme toujours, répondit Annhine qui se montait. D’abord je ne suis pas malade, mais simplement énervée, et c’est de votre faute, vous ne me comprendrez jamais !

— Heureusement peut-être, interrompit maladroitement Henri.

— Ah ! vous m’insultez maintenant !… Vous devenez grossier ! Il ne manquait plus que cela ! J’en ai assez, mon cher,… elle s’exaltait et devenait très rouge… Oui, j’en ai par-dessus la tête et je m’en vais, je vais rentrer chez moi tout de suite… Ah ! ne m’approchez pas, ne me dites rien. Je vous dis que j’en ai assez, hurla-t-elle, je vous défends de me suivre et de m’accompagner… laissez-moi ou je ferai des bêtises…

— Nhine, Nhine,… et Altesse s’approchait d’elle en émoi.

— Ah ! ma chérie, je te demande pardon à toi… et à vous aussi, Georges, mais tu connais mes désirs, tu sais ce que je pense et tu me comprends, toi…

— Oui, oui, dit Altesse conciliante, sans se départir de son beau calme, je te comprends, mais cela ne veut pas dire que je t’approuve toujours…