Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IX

Le dîner s’achevait assez gaiement. Nhine était joyeuse ; Altesse ne l’avait pas quittée de tout le jour et l’influence salutaire de sa haute sagesse avait eu raison des nerfs agités de la sensitive.

La banalité de cette réunion de deux ménages parisiens dans un cabinet particulier de la Maison-Dorée, s’effaçait au contact de leur grande intimité. Ils parlaient d’eux-mêmes, simplement, de leurs projets, de leurs impressions personnelles, contents de se trouver ensemble.

L’amant d’Annhine, étant marié, jouissait doublement de cette sorte d’escapade qu’il lui était difficile de renouveler souvent. Il souriait en la regardant.

— Vous la trouvez belle, notre Nhinette, dit gentiment Tesse.

Et il répondit :

— Au-dessus de tout !… Voyez-vous, c’est mon rayon de soleil, cette enfant-là !

— Vous me volez mon mot, Henri…