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IDYLLE SAPHIQUE

pas l’habitude de ces choses-là, seulement cette fois, la somme excuse tout.

— Rappelle-toi le fameux « vous m’en direz tant » de je ne sais plus quelle reine, dit son amie.

— Justement, et puis comme on ne s’est guère gêné pour me demander brutalement un rendez-vous dans un endroit pareil, je ne veux pas faire des manières, et bien régler la question d’argent. Madame était bien dure !… Des endroits pareils, la plus chic maison de Paris ! Ah ! Madame verrait ça demain : on lui préparerait la plus belle chambre avec cabinet de toilette, bain, douche, salon, goûter !… Mais c’était splendide chez elle ! Madame verrait, Madame reviendrait de son erreur ! Quant au reste, donnant, donnant, c’était déjà arrangé ; en descendant de voiture Madame palperait la galette.

— Et vous aussi alors. À deux heures… j’arriverai entre deux heures et deux heures et demie.

— Que Madame soit bien exacte… ah ! c’est qu’il était fou. Il ne pourra plus se contenir, bien sûr et d’ici demain !… Mon Dieu !… Elle ne voudrait pas se trouver dans ses draps, cette nuit ! Que Madame ne le fasse pas trop attendre — il ne tiendra pas en place — et toute la maison sera à la disposition unique de Madame. Personne n’ira dans les couloirs, on fera mettre des fleurs partout. Ah ! on avait souvent de belles affaires avec de belles dames, des « du monde », et du plus grand, du meilleur. Ça avait un peu diminué dans ces temps-ci, car chacun a son