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IDYLLE SAPHIQUE

vigoureusement, arrachant ses cheveux, toute surexcitée encore.

— Ah ! oui, dit Tesse. Assez ! de grâce !

— Madame Altesse, reprit la femme de chambre sur un ton de cachotterie familière, c’est une procureuse, je ne savais pas comment le dire à madame.

Nhine allait se poudrer, elle se retourna violemment, brandissant la houppe dans sa main levée.

— Foutez-moi ça à la porte, et vivement.

— Elle a tant insisté, madame.

— Puisque je vous le dis !

— Écoute encore, reprit Tesse en courtisane sage et pratique, reçois-la un instant, ça ne t’engage à rien. C’est sain et intéressant, en somme, car c’est du métier, ça… Peut-être une bonne aubaine… Vois-la toujours.

— Oui, et puis après elle ira clabauder partout qu’elle n’a eu qu’à se présenter ici pour être reçue.

— Mais non, ces femmes-là sont très discrètes, prononça Tesse, le secret professionnel, voyons ?

— Et c’est une affaire toute particulière, paraît-il.

— Allons, faites-la venir alors.

Ernesta introduisit une femme âgée, aux cheveux blancs et ondés qui lui faisaient une couronne de respect et de neige. Elle était vêtue de noir et avait l’air très comme il faut. Elle baissait la tête, n’osant regarder en face, et portait un petit paquet à la