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IDYLLE SAPHIQUE

— « Madame Jane d’Espant qui désire vous parler au sujet de Miss Bradfford. »

— Tiens ! Tiens !… fit Annhine intriguée. Vieille ? Jeune ? bien mise ?

— Madame, elle est sobrement habillée, en noir, costume du matin, genre tailleur… c’est une assez belle personne…

— Faites-la entrer et advienne que pourra !… C’est égal, je me demande ce que me veut cette femme ? Ah ! j’y suis, maintenant, j’y suis… c’est sans doute la…

Elle n’eut pas le temps de monologuer davantage, l’inconnue entrait.

— Asseyez-vous, madame, fit Nhine… Ernesta, allez-vous occuper des déguisements et lorsque Princesse rentrera n’oubliez pas de me l’envoyer.

Se tournant vers la visiteuse :

— Qu’est-ce qui me vaut, madame, l’honneur de votre démarche ?

— Ah ! madame !… madame ! Excusez-moi, je suis folle, oui, je perds complètement la tête… Miss Bradfford vient ici, je le sais, elle me l’a dit, puis je l’ai vue qui en sortait encore tout à l’heure ! Alors j’ai voulu vous voir, vous parler, vous dire… Laissez-moi me remettre ! Je suis désemparée, nerveuse… excusez-moi un instant… je ne sais plus, je ne sais plus… Depuis ces derniers jours j’ai eu des heures affreuses, des crises terribles…