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IDYLLE SAPHIQUE

êtes montré si impitoyable. Admettez que c’est une fée, supposez…

— Je ne veux rien admettre, je ne veux rien supposer. Nhine, ma chérie, je vous en prie… je t’en supplie, dis-moi la vérité. Vois comme je suis nerveux, troublé, mille choses improbables me viennent à l’esprit, car je te sais si folle… et je tiens tant, tant à toi !

Nhine eut pitié de son angoisse, en satisfaction de sa petite victoire et aussi en subite souvenance des conseils de Tesse, elle reprit :

— Ah ! Ah ! vilain méchant, vous voyez comme c’est mal de résister à un désir de sa Nhine. Dites que vous ne le ferez plus… elle devenait câline, s’approchait de lui en tout l’ensorcellement de son séduisant sourire : dites… dites vite, dites ceci : Ma Nhinon, je ferai toujours tout ce que tu voudras !

Docile, il répéta après elle :

— Ma Nhinon, je ferai toujours tout ce que tu voudras.

— Eh bien ! grosse bête, c’est moi qui suis allée chez Lalique acheter ces bijoux. Ils ne sont même pas encore payés, et c’est toi qui me les offres. Viens que je t’embrasse en remerciement, bien que je ne le devrais pas, pour te punir de ton hésitation.

Il respira, soulagé :

— Oh ! une toute petite hésitation de vingt-quatre heures à peine ! Tu as bien fait, Nhinette !… Il l’atti-