Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
IDYLLE SAPHIQUE

— Ah ! Bon Dieu ! Quelle tirade, mon ami, quelle tirade !… J’en ai assez vraiment de ce vil marchandage de moi-même ! et puis, vous savez, maintenant, je n’en ai plus envie du tout de ces objets !

Étonné et confus il balbutiait presque : plus envie ?… Allons donc ! c’étaient deux petites merveilles… elle les aurait… Voyons !… Il se faisait tendre, insinuant… Il n’avait pas voulu la blesser, elle interprétait mal le sens de ses paroles affectueuses et franches. C’était pour son bien à elle… à elle surtout. Il voulait une liaison sans fin, sans soucis ni obstacles.

— Tout a une fin, interrompit-elle derechef.

Elle se leva. Revenant vers lui, narquoise, d’une main triomphale elle lui désigna le bijou qui tenait encore agrafé à la chemise, s’apercevant par l’ouverture du peignoir, tandis qu’avec malice elle étalait ses doigts ornés de bagues. Il aperçut la fameuse sauterelle et devint écarlate :

— Que veut dire ceci, Nhine ?… interrogea-t-il durement. Votre absence d’hier, la possession de ces choses que je vous avais refusées ?…

— Ah ! voilà ! Si vous me parlez ainsi sévèrement, je ne vous dirai rien…

— Je veux pourtant savoir… c’est mon droit de… d’exiger.

— Ta… ta… ta… ricana-t-elle en joie de sa taquinerie… Vous n’avez pas le droit de me dire : je veux… pas plus que moi d’ailleurs… puisqu’hier vous vous