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I

— Ah ! Tesse, comme je m’ennuie !… Quelle aridité dans ma vie ! Toujours le même programme : le Bois, les courses, les essayages ; puis, pour finir une journée insipide : le dîner ! et quel dîner !… Enfermée dans un restaurant à la mode où l’on étouffe, étroit et empesté d’ordinaire par une odeur infecte de cuisine et de tabagie… avec des amis et quels amis ! si l’on peut appeler ainsi les mille et une connaissances plus ou moins intéressantes que le hasard jette dans notre existence !… Et pourquoi tout cela ? Pour toujours continuer… ou pour recommencer la même chose jusqu’à la fin !… La fin ! Et quelle fin !… Ah ! tiens, ce soir, flûte ! j’en ai par dessus la tête, je veux rester ici chez moi, seule avec toi ! Je les lâche tous !… Ernesta ! Ne préparez rien pour m’habiller, donnez-moi mon vieux peignoir en flanelle rose, vous savez, ma robe de