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IDYLLE SAPHIQUE

Tiens, je pars, je m’en vais ! Je ne suis pas un homme, mais je suis cependant en chair et en os ! Adieu !

— Flossie !…

— Non, adieu !…

Et à travers ses larmes elle gagnait la porte…

— Flossie ! Floss !… Viens me parler.

L’enfant s’éloignait sans répondre, toujours.

— Viens, te dis-je, je le veux, il faut que tu m’écoutes… tu le dois ! Tu ne sais pas, mais cela te fera plaisir ce que je veux te dire. Viens !

Puis lorsqu’elle fut près, elle lui murmura très bas et très vite :

— Tu me comprendras, Flossie, je suis très simple au fond, quoique célèbre et universellement connue, et, je te le jure, jamais encore je n’ai effleuré le vice qui te possède, jamais ! Tu ne me connais pas, ma chérie, je ne veux pas faire la coquette avec toi, encore moins exaspérer ton désir par mes refus ! Vois, si tu exiges mon abandon, je suis à toi, prends-moi. Ce sera la pénible continuation de ce que j’ai subi depuis huit ans… Une fois de plus… ou une fois de moins !

À un brusque écart de Flossie :

— Non, non, écoute-moi jusqu’à la fin, je veux te parler franchement… une fois pour toutes… Tu es venue dans ma vie à un moment de dégoût et d’écœurement où je cherchais quelque chose : du bon, du vrai, du nouveau surtout ! Alors, Flossie, tu m’as intéressée. D’abord je me moquai de toi, puis