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du départ du train et qu’on le ferme cinq minutes avant.

On ouvre donc les guichets. La foule se presse et s’impatiente. Un monsieur offre un billet de 10 francs pour payer un ticket de 4 fr. 50. L’employé lui lit l’article qui impose aux voyageurs de se présenter avec leur argent, compté jusqu’aux centimes. Qu’il aille donc faire de la monnaie. L’incident se répète pour huit voyageurs sur dix. Contre tout usage, mais selon le règlement, on ne rend pas la monnaie, fût-ce un franc. Après vingt-cinq minutes, une trentaine de personnes à peine ont pris leurs billets. Les autres arrivent, essoufflées, avec leur monnaie. Mais le guichet est fermé, parce que le délai réglementaire est écoulé.

Ne croyez pas, toutefois, que ceux qui ont pu prendre leurs billets ne soient pas à plaindre. Ils ne sont qu’au début de leurs peines. Ils sont dans le train, mais le train ne part pas. Il doit attendre que d’autres trains arrivent, d’autres trains qui sont en panne à cinq cent mètres de la gare. Car, d’après le règlement, on a accompli là des manœuvres qui ont déterminé un arrêt interminable. Des voyageurs impatientés, sont même descendus pour gagner à pied la gare ; mais les surveillants les ont arrêtés et leur ont dressé procès-verbal.

D’ailleurs, dans le train qui doit partir, il y a des tuyaux de chauffage à surveiller, et une inspection minutieuse peut durer jusqu’à deux heures. Enfin, le train s’ébranle. On pousse un soupir de soulagement. On croit toucher au but. Illusion !

À la première gare, le chef de train examine toutes les voitures et donne les ordres opportuns. On vérifie notamment si toutes les portières sont bien fermées. On devrait s’arrêter une minute ; c’est un quart d’heures au moins qu’il faut compter…


Ces incidents, qui se produisent au premier jour, à Rome et un peu partout, ne donnent qu’une image, imparfaite encore, de la situation. Pour les