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bien des aveugles volontaires, auxquels échappent les symptômes sociaux les plus accentués ; ceux-là eussent manifesté moins de stupéfaction s’ils avaient su que le Cri Postal, l’organe corporatif des sous-agents des P. T. T., déclarait, dès le mois d’avril 1907 :


Vous nous parlez coups de trique, nous répondrons coups de matraque… Ce que vous ne pourrez jamais empêcher, c’est qu’un jour, les correspondants et les télégrammes pour Lille aillent faire un tour à Perpignan. Ce que vous ne pourrez jamais empêcher, c’est que les communications téléphoniques soient subitement embrouillées et les appareils télégraphiques subitement détraqués. Ce que vous ne pourrez jamais empêcher c’est que dix mille employés restent à leur poste, mais les bras croisés. Ce que vous ne pourrez jamais empêcher c’est que dix mille employés vous remettent le même jour et à la même heure, leur demande de mise en disponibilité et cessent le travail légalement aussitôt. Et ce que vous ne pourrez jamais faire, c’est les remplacer par des soldats…


Bien d’autres exemples seraient à citer. Mais, n’écrivant pas un traité de sabotage, il ne peut être question d’exposer ici les moyens, aussi complexes que variés, auxquels recourent et peuvent recourir les travailleurs. Les quelques-uns que nous venons de rappeler suffisent amplement pour faire saisir sur le vif les caractères du sabotage.

Outre les procédés exposés ci-dessus, il en est un autre — qui s’est passablement répandu depuis l’échec de la deuxième grève des Postiers, — et qu’on pourrait qualifier de sabotage par représailles.