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soit réduit à la grève, c’est à dire au non fonctionnement

Les renégats vont travailler. Ils trouvent les machines, les fours en bon état, — et ce, par la suprême faute des grévistes qui, ayant laissé en bonne santé les moyens de production, ont laissé derrière eux la cause de leur échec revendicatif…

Or, se mettre en grève et laisser en état normal les machines et les outils, est du temps perdu pour une lutte efficace. En effet, le patronat, disposant des renégats, de l’armée, de la police, fera fonctionner les machines… et le but de la grève ne sera pas atteint.

Le premier devoir avant la grève est donc de réduire à l’impuissance les instruments de travail. C’est l’A B C de la lutte ouvrière. Alors, la partie devient égale entre le patron et l’ouvrier, car, alors, la cessation du travail qui est réelle, produit le but désiré, c’est-à-dire l’arrêt de la vie dans le clan bourgeois.

Désir de grève dans l’alimentation ?… Quelques litres de pétrole ou autre matière grasse et odorante répandue sur la sole du four… Et renégats ou soldats peuvent faire venir du pain. Ce pain sera immangeable, car les carreaux (pendant au moins trois mois) garderont l’odeur de la matière et l’inculqueront au pain.

Résultat : four inutilisable et à démolir.

Désir de grève dans la métallurgie ?… Du sable ou de l’émeri dans les engrenages de ces machines qui, montres fabuleuses, marquent l’exploitation du prolétariat ; ce sable fera grincer ces machines encore plus fort que le patron ou le contre-maître, et le colosse de fer, le pondeur de travail, sera réduit à l’impuissance et les renégats aussi…


C’est la même thèse qu’a effleurée dans sa brochure Le Syndicalisme dans les chemins de fer, le citoyen A. Renault, employé de l’Ouest-État, thèse qui lui a valu, en septembre dernier, d’être