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s’il ose dénoncer les vilenies auxquelles on l’associe, il est considéré comme se rebellant contre son employeur, car il se livre envers lui à des actes de guerre — il le sabote !

Au surplus, cette manière de voir n’est pas particulière aux patrons, c’est aussi comme acte de guerre, — comme acte de sabotage, — que les syndicats ouvriers interprètent toute divulgation préjudiciables aux intérêts capitalistes.

Cet ingénieux moyen de battre en brèche l’exploitation humaine a même reçu un nom spécial : c’est le sabotage par la méthode de la « bouche ouverte ».

L’expression est on ne peut plus significative. Il est, en effet, certain que bien des fortunes ne se sont édifiées que grâce au silence qu’ont gardé sur les pirateries patronales les exploités qui y ont collaboré. Sans le mutisme de ceux-ci, il eût été difficile, sinon impossible aux exploiteurs de mener à bien leurs affaires ; si elles ont réussi, si la clientèle est tombée dans leurs panneaux, si leurs bénéfices ont fait boule de neige, c’est grâce au silence de leurs salariés.

Eh bien ! ces muets du sérail industriel et commercial sont las de rester bouche close. Ils veulent parler ! Et ce qu’ils vont dire va être si grave que leurs révélations vont faire le vide autour de leur patron, que sa clientèle va se détourner de lui…

Cette tactique de sabotage qui, sous ses formes anodines et vierges de violence, peut être aussi redoutable pour bien des capitalistes que la brutale mise à mal d’un précieux outillage est en passe de considérable vulgarisation.

C’est donc à elle que recourent les travailleurs du bâtiment qui dévoilent, à l’architecte ou au propriétaire qui fait construire, les malfaçons de l’im-