sème de la mauvaise graine au milieu d’un champ, etc.
Ainsi qu’il est indiqué ci-dessus, les procédés de sabotage sont variables à l’infini. Cependant, quels qu’ils soient, il est une qualité qu’exigent d’eux les militants ouvriers : c’est que leur mise en pratique n’ait pas une répercussion fâcheuse sur le consommateur.
Le sabotage s’attaque au patron, soit par le ralentissement du travail, soit en rendant les produits fabriqués invendables, soit en immobilisant ou rendant inutilisable l’instrument de production, mais le consommateur ne doit pas souffrir de cette guerre faite à l’exploiteur.
Un exemple de l’efficacité du sabotage est l’application méthodique qu’en on fait les coiffeurs Parisiens :
Habitués à frictionner les têtes, ils se sont avisés d’étendre le système du shampoing aux devantures patronales. C’est au point que, pour les patrons coiffeurs, la crainte du badigeonnage est devenue la plus convaincante des sanctions.
C’est grâce au badigeonnage — pratiqué principalement de 1902 à mai 1906 — que les ouvriers coiffeurs ont obtenu la fermeture des salons à des heures moins tardives et c’est aussi la crainte du badigeonnage qui leur a permis d’obtenir, très rapidement (avant le vote de la loi sur le repos hebdomadaire) la généralisation de la fermeture des boutiques, un jour par semaine.
Voici en quoi consiste le badigeonnage : en un récipient quelconque, tel un œuf préalablement vidé, le « badigeonneur » enferme un produit caustique ; puis, à l’heure propice, il s’en va lancer contenant et contenu sur la devanture du patron réfractaire.