CHAPITRE IV
Les procédés de sabotage
Sur le champ de bataille qu’est le marché du travail, où les belligérants s’entrechoquent, sans scrupules et sans égards, il s’en faut, nous l’avons constaté, qu’ils se présentent à armes égales.
Le capitaliste oppose une cuirasse d’or aux coups de son adversaire qui, connaissant son infériorité défensive et offensive, tâche d’y suppléer en ayant recours aux ruses de guerre. L’ouvrier, impuissant pour atteindre son adversaire de front, cherche à le prendre de flanc, en l’attaquant dans ses œuvres vives : le coffre-fort.
Il en est alors des prolétaires comme d’un peuple qui, voulant résister à l’invasion étrangère et ne se sentant pas de force à affronter l’ennemi en bataille rangée se lance dans la guerre d’embuscades, de guérillas. Lutte déplaisante pour les grands corps d’armée, lutte tellement horripilante et meurtrière que, le plus souvent, les envahisseurs refusent de reconnaître aux francs-tireurs le caractère de belligérants.
Cette exécration des guérillas pour les armées régulières n’a pas plus lieu de nous étonner que l’horreur inspirée par le sabotage aux capitalistes.
C’est qu’en effet le sabotage est dans la guerre sociale ce que sont les guérillas dans les guerres nationales : il découle des mêmes sentiments, répond aux mêmes nécessités et a sur la mentalité ouvrière d’identiques conséquences.
On sait combien les guérillas développent le