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de l’ouvrier : c’est, en effet, l’ouvrier tout entier — corps et sang, vigueur et intelligence — qu’ils exigent.

Lorsqu’ils émettent cette prétention, les employeurs négligent de tenir compte que cette « force de travail » est partie intégrante d’un être pensant, capable de volonté, de résistance et de révolte.

Certes, tout irait mieux dans le monde capitaliste si les ouvriers étaient aussi inconscients que les machines de fer et d’acier dont ils sont les servants et si, comme elles, ils n’avaient en guise de cœur et de cerveau qu’une chaudière ou une dynamo.

Seulement, il n’en est pas ainsi ! Les travailleurs savent quelles conditions leurs sont faites dans le milieu actuel et s’ils les subissent, ce n’est point de leur plein gré. Ils se savent possesseurs de la « force de travail » et s’ils acquiescent à ce que le patron qui les embauche en « consomme » une quantité donnée, ils s’efforcent que cette quantité soit en rapport plus ou moins direct avec le salaire qu’ils reçoivent. Même parmi les plus dénués de conscience, parmi ceux qui subissent le joug patronal, sans mettre en doute son bien fondé, jaillit intuitivement la notion de résistance aux prétentions capitalistes : ils tendent à ne pas se dépenser sans compter.

Les employeurs n’ont pas été sans constater cette tendance qu’ont les ouvriers à économiser leur « force de travail ». C’est pourquoi, certains d’entre eux ont habilement paré au préjudice qui en découle pour eux, en recourant à l’émulation pour faire oublier à leur personnel cette prudence restrictive.

Ainsi, les entrepreneurs du bâtiment, surtout à