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semaines plus tard, il ne « répugna pas à la dignité » de ce moraliste impeccable et scrupuleux d’être nanti, grâce aux bons offices de Millerand, d’une sinécure de tout repos[1].

Le rapporteur de la Commission de laquelle ressortissait le sabotage, choisi pour son travail sur la « marque syndicale », était un adversaire du sabotage. Il l’exécuta donc en ces termes :

Il me reste à dire un mot au sujet du sabotage. Je le dirai d’une façon franche et précise. J’admire ceux qui ont le courage de saboter un exploiteur, je dois même ajouter que j’ai ri bien souvent aux histoires que l’on nous a racontées au sujet du sabotage, mais pour ma part, je n’oserais faire ce que ces bons amis ont fait. Alors, ma conclusion est que si je n’ai pas le courage de faire une action, ce serait de la lâcheté d’inciter un autre à la faire.

Je vous avoue que, dans l’acte qui consiste à détériorer un outil ou toute chose confiée à mes soins, ce n’est pas la crainte de Dieu qui paralyse mon courage, mais la crainte du gendarme !

Je laisse à vos bons soins le sort du sabotage.

Le Congrès n’épousa cependant pas les vues du rapporteur. Il fit bien un « sort » au sabotage, mais il fut autre que celui qui lui avait été conseillé.

Un vote eut lieu, par bulletins, sur cette question spéciale — d’improbation ou d’approbation du sabotage — et il donna les résultats suivants :

Pour le sabotage ......... 117
Contre ............... 76
Bulletins blancs .......... 2

Ce vote précis clôtura la période de gestation, d’infiltration théorique du sabotage.

  1. Il s’agit de M. Treich, alors secrétaire de la Bourse du Travail de Limoges et fougueux « guesdiste »… nommé peu après receveur de l’enregistrement à Bordeaux.