il s’occupe du placement des sans-travail et facilite à ceux-ci la recherche d’emploi ; il y a même des syndicats qui s’adonnent à des œuvres de mutualité, telles que secours de maladie, de chômage, etc.
C’est dans cette voie, qui n’est pas spécifique de la lutte de classe et qui, au contraire, si d’autre horizon n’apparaissait pas, constituerait une adaptation du syndicat au milieu capitaliste, que les pouvoirs publics voudraient voir s’aiguiller les organisations corporatives. Ils les souhaiteraient mettant au premier plan ces œuvres, plus mutualistes que revendicatrices. Mais les syndicats français ont dépassé ce stade ; ils ont fait de la mutualité autrefois, principalement pour masquer l’œuvre illégale de résistance au patronat ; ils ont même caressé le rêve de s’émanciper par la coopération ; seulement, l’expérience aidant, ils se sont dégagés et, aujourd’hui, c’est l’œuvre de résistance à l’exploitation capitaliste qui domine toutes leurs préoccupations.
Cette attitude différencie les syndicats français de ceux des autres pays (Angleterre, Allemagne, etc.), où la mutualité tient une large place dans les préoccupations. En France, on ne dédaigne pas la mutualité, forme primaire de la solidarité, mais on en fait en dehors du syndicat, afin de ne pas surcharger l’organisme de lutte et risquer d’atténuer ainsi sa force combative.
Le tableau suivant, qui indique les institutions créées par les syndicats, fait constater le rôle effacé attribué à la mutualité dans les syndicats. Sur plus de 5 500 syndicats au 1er janvier 1908, date de la dernière statistique, qui englobe les syndicats ouvriers « rouges » aussi bien que les « jaunes », et qui a été dressée par le ministère du Travail, il y avait en leur sein :